Édition originale.
Double envois a. s. : le premier, sur le premier feuillet du livre : à Jean Ajalbert, en signe d’un souvenir qui rencontre le sien. M. Maeterlinck.
Le second, postérieur, sur la garde de la reliure : à Jean Ajalbert, l’ami de « la Pléiade » Maeterlinck.
Relié avec une jolie lettre (3 pp. in-12 - probablement fin septembre début octobre 1896) et une carte a. s. de Maeterlinck à Ajalbert :
Non, mon cher confrère, le camarade des débuts n’est nullement oublié. Sans que je sache pourquoi, lorsque je me reporte aux temps lointains de la Pléiade, le souvenir de votre visage me revient plus vivant que les autres (…) je ne vous ai pas vu, je crois, plus de deux fois… Je me rappelle, par exemple, de tous les détails, un déjeuner, où j’étais entre vous et Grégoire Le Roy dans un café, à côté du Châtelet. J’ai été vraiment ému en recevant votre beau livre. Il y a peu de choses aussi douces que ces souvenirs très anciens qui renseignent en même temps et provoquent le sourire franchement. Et puis, il a un air de fraicheur et de fête qui correspond si bien aux espérances de ces jours… Je serai à Paris vers la fin du mois et y passerai probablement le reste de l’hiver. Peut-être nous reverrons nous si vous le voulez bien. M. Maeterlinck.
Carte : 9 Mars 1897. Mon cher confrère. Il ne me sera malheureusement pas possible d’être à Paris avant le 16 ou le 17. J’y resterai jusqu’à la fin de Mai, de sorte que si vous le voulez bien nous aurons plus d’une fois l’occasion de nous rencontrer. Du reste, je compte bien vous écrire dès que j’y serai installé (…).
En octobre 1885, jeune étudiant en droit, Maurice Maeterlinck quitte sa Flandre-Orientale et s’installe à Paris avec son ami Grégoire Le Roy – ils viennent y rechercher les secrets de l’éloquence judiciaire, comme ils se justifient auprès des autorités parentales. C’est ainsi qu’ils côtoient la génération symboliste montante, les Darzens, Quillard, Ghil, Merrill, Fontainas, Saint-Paul Roux, Mikhaël ou Ajalbert, jeunes condisciples au Lycée Fontanes – ceux-ci ont déjà des échanges de vues avec La Jeune Belgique qui publie les premiers vers de Maeterlinck. Ensemble, ils fondent La Pléiade, dans laquelle Mooris (Maeterlinck) égraine 6 poèmes de ses Serres Chaudes qui paraîtront en 1889 (numéro 4, juin 1886).
Assurément, Maeterlinck et Ajalbert se sont-ils revus à Paris, en mai 1897 : en témoigne le second envoi sur la garde de la reliure. Depuis septembre 1896, date de parution d’Aglavaine et Sélysette, Ajalbert avait fait relier son exemplaire, preuve s’il en est qu’il appréciait ce très beau livre.
Ex-libris Ajalbert.
Un des livres pairs du Docteur Faustroll.